Et pour conclure je vous livre un poème qui pourrait s’intituler : « à la recherche du champagne authentique de vigneron », paru en 1951 dans la prestigieuse revue gastronomique La france à table sous le pseudonyme de monsieur de Sepangueul :
Le champagne, pour moi, n’est pas ce vin qui mousse,
Ce liquide sucré, brillant, ensoleillé,
Que l’on buvait alors que la vie était douce
Et que notre pays n’était pas endeuillé.
De même, ce n’est pas le vin que l’on fabrique,
Pour satisfaire au goût brutal de l’étranger,
Mais bien celui qu’on puise à même la barrique
Dans laquelle un loyal vigneron l’a logé !
Je ne dédaigne point l’autre, qui plaît aux foules,
Qui traduit joliment l’esprit né de chez nous,
Car ce flot jaillissant qui s’échappe, qui coule,
Emerveille le monde et le maintient jaloux.
Mais mon champagne, à moi, se garde plus intime,
Plus modeste, plus fin, plus cordial, plus sûr,
Il est honnête et droit, attire mon estime ;
C’est un fils du terroir sans métissage, pur.
C’est lui que je n’ai plus, c’est lui que je regrette,
De même qu’on regrette la simple vertu,
Le parfum sans apprêt de la douce fleurette,
L’ombre que procurait un lilas abattu…